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L'agriculture espagnole sous perfusion

Environ 2 000 kilomètres de canaux assurent l'acheminement de l'eau dans la région de l'Alto Aragón.

La région d’Aragon maintient sa production agricole à grand renfort d’infrastructures affectées à l’irrigation, gérées par des communautés d'agriculteurs.

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Le paysage à dominante beige et avec une végétation clairsemée de la communauté autonome d’Aragon laisse peu de place au doute, la région manque d’eau. Pour donner une chance à sa production agricole et à la vie rurale dans cette zone semi-aride, la ressource en eau est gérée comme partout en Espagne par des communautés d’irrigants.

La Communauté générale de Riesgos del Alto Aragón qui étend son influence sur 134 973 hectares est l’une des principales de la région et supervise les activités de 49 communautés d’irrigation de son territoire. Les responsabilités de ces communautés sont nombreuses. Quantité d’eau allouée, débit autorisé, investissement dans les infrastructures... Mais aussi des actions d’influence politique ou d’arbitrage entre les membres.

Toujours investir

Alberto Anadón préside la communauté d’irrigation de Montesusín, qui fait partie de ce maillage. Pour avoir une irrigation plus efficace et moins consommer, la communauté a entamé un grand projet pour transformer le système vers de l’irrigation sous pression, moins consommatrice, financé à hauteur de 1,34 million d’euros par l’Union européenne. Pour lui, cette modernisation est vitale. « Nous sommes agriculteurs et pour être sûrs que nos enfants pourront continuer, on se doit d’être durables et leur montrer pour qu’ils aient envie de continuer », avance-t-il.

Sur les 3 984 hectares de son secteur, 3 238 hectares sont irrigables, principalement en maïs et luzerne. Mais l’eau alimente également les nombreux élevages alentour. Puisée dans l’un des canaux de la communauté principale, l’eau est ensuite stockée dans une première retenue de 165 000 m³ propulsée dans une seconde de 295 000 m³. Une pompe, alimentée par énergie solaire, envoie ensuite l’eau dans les infrastructures d’irrigation des membres de la communauté.

Il est difficile d’imaginer l’élevage d’Antonio Gracia exister sans ces infrastructures. Installé sur seulement 20 hectares, il est en système intégré avec pas moins de 400 têtes à sa charge, tout droit venues de France. Si l’alimentation des animaux est garantie par les entreprises contractantes, l’abreuvement et l’irrigation sont conditionnés par le système de la communauté de Montesusín. « Il y a des productions très variées dans la région. Des céréales, des amandes, des fruits… Quand mes parents se sont installés, il n’y avait pas un oiseau. L’irrigation a amené de la végétation et de la biodiversité », argumente-t-il.

Pas de blanc-seing

Ces organisations influentes ne laissent toutefois pas carte blanche aux irrigants pour développer leurs infrastructures. Ignacio Atance Muñiz, sous-directeur pour la planification des politiques agricoles au ministère de l’Agriculture en témoigne. « Partout en Espagne, il est désormais difficile d’envisager de nouvelles retenues. Beaucoup de gens y sont défavorables et nous avons, nous aussi des manifestations contre ce type de projet. » De graves sécheresses comme celle de cette année, qui pourraient se répéter, vont immanquablement mettre plus de pression sur ces organisations.

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